{"id":7170,"date":"2017-07-13T17:27:59","date_gmt":"2017-07-13T15:27:59","guid":{"rendered":"https:\/\/www.etalab.gouv.fr\/?p=7170"},"modified":"2019-10-15T10:41:38","modified_gmt":"2019-10-15T08:41:38","slug":"a-vos-souhaits","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/preprod.etalab.gouv.fr\/a-vos-souhaits","title":{"rendered":"A vos souhaits ! : Eternue-t-on plus \u00e0 cause de la pollution ?"},"content":{"rendered":"[:fr]\n

Face au non respect des r\u00e9glementations appliqu\u00e9es aux particules fines et \u00e0 l’\u00e9mission de dioxyde d’azote, le Conseil d’Etat enjoignait hier le gouvernement \u00e0 prendre des mesures urgentes contre la pollution (source<\/a>). De notre c\u00f4t\u00e9, nous avons observ\u00e9 une multiplication soudaine des \u00e9ternuements dans l’open space depuis le mois de mars. L’apparition des premi\u00e8res Ventolines a \u00e9t\u00e9 le d\u00e9clencheur d’une r\u00e9elle discussion de fond entre nous :\u00a0la pollution pourrait-elle en \u00eatre la cause principale ?<\/strong>\u00a0Nos datascientists, claviers et mouchoirs en main, ont tent\u00e9 d’\u00e9claircir cette interrogation en utilisant les donn\u00e9es ouvertes*.<\/strong><\/p>\n

Pour ce qui est de l’impact sur les pollens,\u00a0Airparif est formel\u00a0<\/a>\u00a0:<\/strong>
\n<\/span><\/p>\n

\n

\u00ab\u00a0La pollution atmosph\u00e9rique accro\u00eet les effets des pollens :<\/span><\/p>\n

– Elle rend les pollens plus allerg\u00e8nes.<\/p>\n

– La sensibilit\u00e9 des individus aux pollens est accrue lors des \u00e9pisodes de pollution.<\/p>\n

– Elle peut contribuer \u00e0 l’accroissement de la p\u00e9riode de pollinisation.\u00a0\u00bb<\/p><\/blockquote>\n

Et qu’en est-il des autres allerg\u00e8nes ? La pollution accentue-t-elle aussi leurs effets ?<\/p>\n

Une fa\u00e7on de le v\u00e9rifier par la donn\u00e9e serait de calculer les corr\u00e9lations entre l’\u00e9volution des pathologies allergiques et celles des polluants atmosph\u00e9riques.\u00a0<\/span><\/p>\n

1 – Trouver des donn\u00e9es sur les pathologies allergiques et leur \u00e9volution
\n<\/b><\/span><\/em><\/span><\/h3>\n

Chaque jour, l\u2019IAS Allergies <\/strong>(l\u2019indicateur avanc\u00e9 sanitaire propos\u00e9 par Open Health) publie sur data.gouv.fr<\/a> le niveau des pathologies allergiques en France<\/strong>. <\/span>Cet indicateur se positionne comme un indicateur compl\u00e9mentaire de la surveillance des pollens, et permet de suivre l\u2019\u00e9volution spatio-temporelle des allergies saisonni\u00e8res.\u00a0<\/span>Le mod\u00e8le utilis\u00e9 pour l\u2019IAS Allergies est bas\u00e9 sur le suivi d\u2019un ensemble de m\u00e9dicaments indiqu\u00e9s dans le traitement symptomatiques des allergies en France. <\/span>Les donn\u00e9es publi\u00e9es sont disponibles par r\u00e9gion (selon l\u2019ancien d\u00e9coupage) et par saison sur 10 mois glissants :<\/span><\/p>\n

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Si vous aussi vous ne sortez plus de chez vous sans un paquet de mouchoirs dans la poche, rassurez-vous, vous n\u2019\u00eates pas seul :<\/strong> le niveau de pathologies allergiques a explos\u00e9 dans toute la France entre mars et mai 2017, atteignant son paroxysme mi-avril. Seules exceptions : la r\u00e9gion PACA, la Corse et l’Alsace ont observ\u00e9 des pics de pathologies allergiques d\u00e8s le d\u00e9but du mois de f\u00e9vrier. De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, la pr\u00e9sence de pathologies allergiques \u00e9volue de fa\u00e7on quasi-identique entre les r\u00e9gions fran\u00e7aises.<\/p>\n

2 – Trouver des donn\u00e9es s<\/b><\/span>ur l<\/b><\/span>a pollution atmosp<\/b><\/span><\/em><\/span>h\u00e9rique <\/em><\/span>
\n<\/b><\/span><\/h3>\n

Airparif<\/a><\/span> \u00e9tant l\u2019organisme charg\u00e9 de surveiller la qualit\u00e9 de l\u2019air pour la seule r\u00e9gion \u00cele-de-France, nous sommes successivement entr\u00e9s en contact avec la f\u00e9d\u00e9ration des ASQAA (Atmo-France<\/span><\/a>) puis le LCSQA (Laboratoire de Surveillance de la Qualit\u00e9 de l\u2019Air) afin d\u2019obtenir des donn\u00e9es consolid\u00e9es au niveau national.<\/strong> <\/span>C\u2019est finalement sur le site du LCSQA<\/span><\/a> que nous avons pu mettre la main sur des mesures de la qualit\u00e9 de l\u2019air par r\u00e9gion. <\/span><\/p>\n

Malheureusement, seules des donn\u00e9es de \u00ab\u00a0d\u00e9passement de seuil\u00a0de pollution \u00bb sont aujourd\u2019hui accessibles en open data <\/strong>(il faudra attendre 2018 pour avoir des donn\u00e9es plus fines).\u00a0Notons que ces seuils ne donnent une vue que tr\u00e8s partielle du niveau des polluants : des polluants peuvent tr\u00e8s bien avoir des niveaux de concentrations atmosph\u00e9riques tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9s (et avoir un impact sur les allergies ?) sans pour autant que leurs seuils soient d\u00e9pass\u00e9s. <\/span><\/p>\n

Les d\u00e9passements de seuils concernent en tr\u00e8s grande majorit\u00e9 (88%) les particules en suspension PM10<\/strong> < 10 \u00b5<\/i>\/m<\/i><\/span>3\u00a0<\/sup><\/i><\/span> sur la p\u00e9riode d’octobre 2016 \u00e0 juin 2017. En voici un extrait<\/span> :<\/span><\/p>\n

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Nous avions remarqu\u00e9 sur le pr\u00e9c\u00e9dent graphique que la r\u00e9gion PACA<\/strong><\/span> avait observ\u00e9 une hausse anticip\u00e9e des pathologies allergiques par rapport aux autres r\u00e9gions. Peut-\u00eatre que celle-ci a \u00e9t\u00e9 la cons\u00e9quence d’une hausse soudaine des particules fines dans l’air ? Regardons !<\/p>\n

\"\"<\/p>\n

Les triangles<\/strong> repr\u00e9sentent des d\u00e9passements de seuils dont la valeur est indiqu\u00e9e sur l’axe de droite (violet). Ainsi, plus le triangle est haut, plus le seuil de pollution d\u00e9pass\u00e9 est important.<\/span><\/p>\n

En r\u00e9gion PACA, un pic de pollution > 50 \u00b5<\/i><\/span>\/m<\/i><\/span>3 <\/sup><\/i><\/span>a \u00e9t\u00e9 constat\u00e9 fin-janvier 2017. Un bref coup d’oeil au\u00a0graphique nous permet de\u00a0faire\u00a02 constats :<\/span><\/p>\n

    \n
  1. Le pic de pollution de fin-janvier survient au m\u00eame moment qu\u2019une l\u00e9g\u00e8re augmentation des pathologies allergiques sur le mois de janvier.\u00a0<\/span><\/li>\n
  2. Aucun pic de pollution n\u2019a \u00e9t\u00e9 constat\u00e9 \u00e0 partir de mi-f\u00e9vrier, pourtant les pathologies allergiques ont explos\u00e9.<\/span><\/li>\n<\/ol>\n

    Ceci n’est pas tr\u00e8s concluant. L’\u00e9volution atypique des pathologies allergiques dans la r\u00e9gion PACA ne semble pas provenir de d\u00e9passements de seuils de polluants atmosph\u00e9riques (en tous cas pas des particules fines PM10).<\/p>\n

    Regardons ce qu\u2019il se passe dans les autres r\u00e9gions :<\/span><\/strong><\/span><\/p>\n

    \"\"<\/p>\n

    On observe tout d’abord qu’il y a eu de tr\u00e8s nombreux d\u00e9passement de seuils<\/strong> depuis octobre 2016, et d’autant plus dans les r\u00e9gions Rh\u00f4ne-Alpes, Midi-Pyr\u00e9n\u00e9es, Bretagne et Ile-de-France.<\/p>\n

    Il est difficile d’affirmer quoi que ce soit quant \u00e0 la corr\u00e9lation entre la survenue de ces d\u00e9passements et la hausse des pathologies allergiques. Certes, on remarque qu’un d\u00e9passement de seuil de pollution est parfois accompagn\u00e9 d’une hausse soudaine des pathologies allergiques<\/strong> : par exemple en Languedoc-Roussillon (fin-janvier 2017) ou en Franche-Comte (d\u00e9cembre 2016), mais le manque de donn\u00e9es granulaires est p\u00e9nalisant pour l’\u00e9tude. Nous restons sur notre faim : d’une part cette \u00ab\u00a0corr\u00e9lation graphique\u00a0\u00bb est loin d’\u00eatre \u00e9vidente, et d’autre part il existe de nombreux polluants atmosph\u00e9riques autres que les PM10, principalement pr\u00e9sentes dans la base de donn\u00e9es, qui pourraient impacter nos narines.<\/p>\n

    Faute d’avoir des donn\u00e9es granulaires sur toutes les r\u00e9gions fran\u00e7aises, nous nous replions sur les seules donn\u00e9es\u00a0mises \u00e0 disposition par Airparif<\/span><\/a><\/span>, <\/strong>qui ne concernent que l’\u00cele-de-France.\u00a0Elles nous donnent en effet, le niveau de concentration horaire par station des principaux polluants atmosph\u00e9riques en \u00cele-de-France<\/strong> : Oxydes de carbone (CO), Dioxyde d\u2019Azote (NO2), Particules fines en suspension (PM10 et PM25), Ozone (O3), Dioxyde de Souffre (SO2) et Oxyde d\u2019Azote (NOX).<\/span><\/p>\n

    3 – Appr\u00e9cier les corr\u00e9lations <\/b><\/span><\/em><\/b><\/span><\/h3>\n

    Commen\u00e7ons par tracer les courbes afin de pressentir d\u2019\u00e9ventuelles corr\u00e9lations entres les pathologies allergiques<\/strong> (vert, pointill\u00e9s) et les polluants<\/strong> (rose) :<\/span><\/p>\n

    \"\"<\/p>\n

    Un rapide coup d\u2019\u0153il permet de constater que le polluant Ozone<\/strong> – li\u00e9 aux \u00e9manations automobiles (Source<\/a>) – et le niveau de pathologies allergiques semblent \u00e9voluer\u00a0de fa\u00e7ons similaires<\/strong>.\u00a0<\/span>V\u00e9rifions-le en calculant les corr\u00e9lations globales avec les pathologies allergiques :<\/span><\/p>\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n
    Polluant<\/th>\nCorr\u00e9lation avec les pathologies allergiques<\/th>\n<\/tr>\n
    CO<\/td>\n-0.258490<\/td>\n<\/tr>\n
    NO2<\/td>\n-0.217785<\/td>\n<\/tr>\n
    PM25<\/td>\n-0.205211<\/td>\n<\/tr>\n
    PM10<\/td>\n-0.146558<\/td>\n<\/tr>\n
    O3<\/strong><\/td>\n0.558341<\/strong><\/td>\n<\/tr>\n
    SO2<\/td>\n-0.158846<\/td>\n<\/tr>\n<\/tbody>\n<\/table>\n

    Pour rappel, une corr\u00e9lation proche de 1 en valeur absolue (ie 1 ou -1) traduit une relation forte entre deux indicateurs, tandis qu\u2019une corr\u00e9lation proche de 0 traduit l\u2019absence de relation.Ainsi, le calcul des corr\u00e9lations entre les polluants et les pathologies allergiques confirme notre observation : il existe une corr\u00e9lation positive forte (0.55) entre l\u2019\u00e9volution de ces deux indicateurs <\/strong>le m\u00eame jour<\/strong>. Cela signifie qu\u2019une augmentation (respectivement diminution) du niveau de l\u2019un, s\u2019accompagne souvent par une augmentation (respectivement diminution) du niveau de l\u2019autre. On remarque aussi que le polluant PM10, dont \u00e9tait compos\u00e9 \u00e0 88% notre pr\u00e9c\u00e9dent jeu de donn\u00e9es, a une corr\u00e9lation proche de z\u00e9ro (-0.14) avec les pathologies allergiques :\u00a0<\/em>il n’y a donc quasiment aucune relation entre ces deux indicateurs en \u00cele-de-France.<\/span><\/p>\n

    Il existe peut-\u00eatre un d\u00e9lai entre le moment o\u00f9 les gens commencent \u00e0 ressentir les sympt\u00f4mes d’une pathologie allergique et le moment o\u00f9 ils d\u00e9cident d’aller chez le m\u00e9decin pour se faire prescrire un traitement.<\/strong><\/em> Le calcul des corr\u00e9lations d\u00eetes \u00ab\u00a0crois\u00e9es\u00a0\u00bb va nous permettre de v\u00e9rifier cette hypoth\u00e8se en testant les relations entre ces deux courbes dont l’une – la courbe d’Ozone – a \u00e9t\u00e9 d\u00e9cal\u00e9e dans le temps (retard\u00e9e) :<\/span><\/p>\n

    \"\"<\/p>\n

    La corr\u00e9lation est donc maximale (autour de 0.67) entre le niveau de pathologies allergiques et la concentration en Ozone constat\u00e9e entre 35 et 40 jours auparavant. Notre hypoth\u00e8se est v\u00e9rifi\u00e9e : un hausse du niveau de pollution a tendance \u00e0 \u00eatre accompagn\u00e9e d’une hausse du niveau de pathologie allergiques 1 mois plus tard.
    \n<\/span><\/p>\n

    Testons une deuxi\u00e8me hypoth\u00e8se:\u00a0Un niveau moyen \u00e9lev\u00e9 du polluant Ozone sur plusieurs jours cons\u00e9cutifs a d’autant plus d’impact sur la prescription de m\u00e9dicaments contre les pathologies allergiques<\/strong>.<\/em> Sans pouvoir v\u00e9rifier rigoureusement cet \u00ab\u00a0impact\u00a0\u00bb, le calcul des corr\u00e9lations roulantes pourra mettre en exergue une \u00e9ventuelle relation entre ces deux ph\u00e9nom\u00e8nes :<\/p>\n

    \"\"<\/p>\n

    On remarque que plus la p\u00e9riode consid\u00e9r\u00e9e est grande, plus la corr\u00e9lation entre les deux s\u00e9ries est grande.\u00a0<\/strong>En effet, le niveau moyen d’Ozone des 30 jours pr\u00e9c\u00e9dents \u00e9volue de fa\u00e7on tr\u00e8s similaire aux prescriptions de m\u00e9dicaments contre les pathologies allergiques (corr\u00e9lation = 0.71).<\/strong><\/span>\u00a0<\/span>Graphiquement, les similarit\u00e9s sont flagrantes :<\/span><\/p>\n

    \"\"<\/p>\n

     <\/p>\n

    Pour conclure, les concentrations en polluant Ozone ont des variations tr\u00e8s similaires avec l\u2019\u00e9volution des pathologies allergiques<\/strong> en \u00cele-de-France<\/b> et sur la p\u00e9riode consid\u00e9r\u00e9e<\/b>. Ainsi, lorsque de forts niveaux de concentration en Ozone sont observ\u00e9s, les habitants d’\u00cele-de-France se font prescrire beaucoup plus de m\u00e9dicaments pour combattre leurs allergies.\u00a0<\/span>Nos observations vont dans le m\u00eame sens que diff\u00e9rents travaux men\u00e9s sur le sujet, notamment : <\/span><\/p>\n