Le 27 mars 2019, la mission Etalab a réuni la communauté des administrateurs ministériels des données au Lab 110 bis pour une journée d’échanges et de travail.
Qui sont les administrateurs ministériels des données (AMD) ?
Nommés dans quelques ministères ou administrations pionnières, les administrateurs ministériels des données coordonnent les actions de leur organisation en matière d’inventaire, de gouvernance, de production, de circulation et d’exploitation des données.
Etalab accompagne la mise en place de ce réseau encore en développement. Nous partageons les axes stratégiques d’une politique de la donnée, animons la communauté, partageons les projets et expériences, mettons à disposition des outils et méthodes et accompagnons des expérimentations, notamment via les programmes Entrepreneurs d’Intérêt Général et l’appel à manifestation d’intérêt sur l’intelligence artificielle.
Le séminaire s’est structuré en deux séquences complémentaires :
- Le matin : une table ronde pour inspirer et explorer le rôle et les fonctions de “Chief Data Officer” au sein de différentes structures (publiques et privées);
- L’après-midi : deux sessions d’ateliers participatifs pour aider les AMD à élaborer et/ou mettre en oeuvre une politique de la donnée au sein de leurs administrations.
Table ronde : le rôle et les fonctions du Chief Data Officer (CDO)
Après une introduction de la journée par Marie-Anne Lévêque, secrétaire générale du ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, et Laure Lucchesi, Directrice d’Etalab, la matinée a été consacrée au rôle et aux missions de Chief Data Officer, sous la forme d’une table ronde.
Quelles sont les missions d’un CDO ? Avec qui est-il en relation, au sein de son organisation et à l’extérieur ? De quelles compétences doit-il s’entourer ?
Pour répondre à ces questions, nous avons invité trois Chief Data Officers (CDO) travaillant dans les secteurs public et privé :
- Nathalie Vernus Prost, Chief Data Officer de la Métropole Grand Lyon
- Renaud Lacroix, Chief Data Officer de la Banque de France
- Stéphanie Leplus, Chief Data Officer de Le Bon Coin
Animée par Simon Chignard, conseiller à Etalab, la table ronde a été l’occasion d’échanger autour des missions d’un CDO, de son périmètre d’action, de ses interactions, de ses réalisations mais également des obstacles qu’il rencontre au quotidien.
Comment devient-on CDO ? Les trois témoins ont en commun d’avoir été nommés chief data officer par la voie de la promotion interne, que le poste préexiste ou qu’il soit nouvellement créé. La connaissance fine des équipes en place et des problématiques propres à l’organisation a été présentée comme un atout pour mener à bien les missions du CDO, en particulier quand il s’agit d’une création de poste.
Comment la fonction est-elle positionnée dans l’organisation ? Les positionnements varient significativement d’une organisation à l’autre, selon le niveau hiérarchique, l’autonomie de la fonction ou le rattachement à d’autres directions et notamment la direction des systèmes d’information.
Quelles sont les missions du CDO ? La table ronde a permis de mettre en lumière une grande diversité de postures : certains mettent l’accent sur l’animation d’un réseau interne (rôle de chef d’orchestre) ou sur le pilotage de ressources (analystes data, data scientists, …) mises à disposition de tiers. D’autres enfin représentent leur organisation vis-à-vis de l’extérieur (écosystèmes locaux, institutions nationales et internationales). Un point commun, cependant : l’importance de la dimension RH, tant au niveau du recrutement (attirer les talents) mais aussi de la formation interne des équipes (développer une culture de la donnée).
Ces regards croisés ont contribué à orienter le cadre stratégique des AMD, à questionner les approches jusqu’ici adoptées et à fournir des éléments d’éclairage aux discussions de l’après-midi. L’intérêt de faire vivre une communauté plus large de CDO, ouverte à des Chief Data Officers de l’administration et du secteur privé a également émergé.
Retour sur les ateliers
Quatre ateliers ont été menés :
Atelier A : La place de l’administrateur ministériel des données dans l’organisation
Le rattachement d’un AMD diffère d’un ministère à l’autre, ce qui oriente ses missions, ses contraintes et/ou opportunités et ses interactions avec leurs différents services. A partir des retours d’expériences, plusieurs positionnements ont été identifiés : au sein du Secrétariat général, du Service statistique ministériel, d’une Direction des systèmes d’information ou d’une Direction du numérique. Les participants ont également identifié les différents acteurs qui gravitent autour de la fonction d’administrateur ministériel des données. Ces acteurs peuvent être issus du ministère de l’AMD, de services interministériels ou encore de l’extérieur de l’administration.
Atelier B : L’administrateur ministériel des données au service de politiques publiques menées par la donnée
Les données peuvent aider à concevoir et mettre en oeuvre autrement les politiques publiques de l’Etat. L’atelier a débuté sur la restitution du défi DataJust. Ce défi d’Entrepreneurs d’Intérêt Général a pour objectif d’analyser les données de la jurisprudence administrative et judiciaire sur l’indemnisation des préjudices corporels. A partir de l’exploitation de ces données, un référentiel fiable de l’indemnisation des préjudices corporels sera proposé à l’ensemble des parties prenantes, améliorant ainsi la mise en oeuvre de cette politique publique.
Les participants se sont ensuite interrogés sur la notion de “politiques publiques fondées sur la donnée” en partageant leurs expériences respectives. Ces témoignages ont permis de dresser une première typologie : l’usage des données pour aider la décision publique et opérationnelle, pour légitimer une décision de politique publique, pour réguler et apporter de la transparence ou encore pour créer une infrastructure de données.
Atelier C : Les compétences de et autour de l’administrateur ministériel des données
Les administrateurs ministériels des données ont été nommés pro-activement dans certains ministères. En fonction de leur parcours et de leurs expériences, ils mobilisent différentes compétences pour mener à bien leurs projets.
Bien que le profil et les compétences varient d’un AMD à l’autre, l’atelier a permis d’identifier quatre compétences clés : une connaissance du cadre juridique, des systèmes d’information, des données produites, des problématiques métiers.
Afin de mener à bien leurs missions, les AMD peuvent solliciter :
- Des ressources en interne : les directions des systèmes d’information, les agents publics en charge de la production et de la gestion des données, les directions des affaires juridiques (connaissance de la loi pour une République numérique, contact avec le délégué à la protection des données)
- Des ressources en interministériel : plusieurs programmes pilotés par la DINSIC, comme Entrepreneurs d’Intérêt Général, les appels à projets Intelligence Artificielle, les startups d’État, permettent d’accélérer des projets de valorisation et d’exploitation des données. L’expertise d’Etalab en matière de données (production, ouverture, montée en qualité, circulation, exploitation) est également mobilisable.
Atelier D : Le service public de la donnée
Comme le mentionne le rapport de l’Administrateur général des données (AGD), certaines données publiques constituent une infrastructure essentielle. C’est l’objet du service public de la donnée, qui a pour mission d’assurer la mise à disposition et la publication des données de référence. A ce jour, 9 bases de données sont reconnues par la loi comme des données de référence : https://www.data.gouv.fr/fr/reference.
Les ministères jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre de ce service public de la donnée, à la fois comme producteurs de certaines données de référence (en propre ou via des opérateurs) et comme utilisateurs des données de référence produites par d’autres administrations.
L’atelier a été l’occasion de revenir sur le cadre légal du service public de la donnée et de qualifier l’implication de l’administrateur ministériel des données dans la promotion des données de référence au sein des métiers.
Une réflexion prospective a également été menée afin d’envisager un élargissement du service public de la donnée. Trois catégories de données ont été à ce stade identifiées :
- Les données dont la circulation entre les administrations est indispensable mais qui n’ont pas vocation à être ouvertes en open data ;
- Les données déjà publiées en open data mais dont le niveau de qualité est à ce jour insuffisant ;
- Les données qui ne sont pas encore publiées en open data mais dont la publication avec un haut niveau de qualité aurait un fort impact.
La nomination proactive des administrateurs ministériels des données traduit la volonté de l’administration d’intégrer la dimension stratégique des données au cœur de la transformation de l’action publique. A travers son expertise et ses programmes, la mission Etalab accompagne la constitution de ce réseau et apporte une cohérence générale à la politique de la donnée.