Retour sur l’Open Data Maturity Index 2021 : mesure de l’impact de l’ouverture des données (2/4)

En 2021, la France a confirmé sa position de leader européen en matière d’open data, en atteste le classement de l’Open Data Maturity Report 2021 de la Commission européenne, qui a placé la France à la première place devant l’Irlande et l’Espagne.

L’Open Data Maturity Report 2021 évalue les progrès réalisés par les pays européens selon quatre critères :

  • maturité des politiques publiques relatives à l’ouverture (Policy) ;
  • qualité de la mesure de l’impact de l’open data (Impact) ;
  • maturité du portail national d’open data (Portal) ;
  • qualité des données ouvertes (Quality).

Ce rapport constate les résultats du travail accompli par Etalab et l’ensemble de la communauté open data et de mesurer le chemin qu’il reste à parcourir. Pour comprendre quels sont nos points forts et nos points faibles et identifier nos axes d’amélioration, nous proposons une série d’articles portant chacun sur une des dimensions évaluées par le rapport.

Il ne s’agit pas d’être exhaustif, mais de partager certains des aspects souvent salués en France et les axes d’améliorations les plus souvent évoqués.

Aujourd’hui nous nous concentrons sur la dimension Impact du classement.

Que cherche-t-on à mesurer ?

Cette dimension porte sur les activités réalisées pour observer et mesurer la réutilisation des données ouvertes et l’impact dérivé de ces usages. La dimension de l’impact se concentre sur quatre domaines d’impact sectoriel : politique, social, environnemental et économique. Dans ces domaines, le rapport examine dans quelle mesure un suivi est en place pour documenter les réutilisations des données ouvertes publiées, et si des applications, des produits et des services ont été développés pour relever les défis dans ces domaines, que ce soit par la puissance publique ou la société civile.

Les bonnes pratiques françaises

L’open data comme outil de compréhension et de pilotage de la crise

Pour répondre aux exigences de transparence et de pilotage informé de la crise sanitaire, de nombreuses données relatives à l’épidémie ont été publiées. Afin de rendre ces données accessibles et compréhensibles pour le plus grand nombre, les informations sont valorisées dans le tableau de bord Covid-19 publié sur gouvernement.fr. Ces données ont également inspiré de très nombreuses réutilisations dont certaines sont devenues très célèbres. La richesse des données publiées et des réutilisations qui en sont sorties ont permis d’attester de l’importance de l’open data en temps de crise.

Rendre les données ouvertes exploitables par toutes et tous

Les données relatives à l’épidémie ne sont pas les seules à être rendues intelligibles. Pour exemple, en 2020 Etalab a développé avec la Direction générale des entreprises , le site annuaire-entreprises, qui s’appuie sur des données ouvertes.

L’ambition de ce portail est de devenir la référence officielle dans la consultation des données relatives aux personnes morales.

L’accompagnement des réutilisateurs de données

Les efforts poursuivis pour accompagner non seulement les producteurs, mais aussi les réutilisateurs de données méritent d’être salués. On peut notamment citer l’équipe transport.data.gouv.fr qui suit de près les l’état de l’ouverture et des usages des données de transports.

Une tendance croissante à la mesure de l’impact

De manière générale, on peut constater une hausse de l’intérêt des producteurs de données de l’usage qui est fait de leurs données et de la mesure de l’impact de l’ouverture. C’est d’ailleurs une recommandation du rapport sur la politique publique de la donnée, des algorithmes et des codes sources issus de la la mission Open Data conduite par le député Éric Bothorel. La mission met en avant quatre domaines d’impact de l’open data : scientifique comme vecteur de connaissance, économique comme moteur de l’innovation, démocratique pour améliorer le service public et politique pour restaurer la confiance des citoyens dans l’action publique.

Les axes d’améliorations

Un défi pour l’ensemble des acteurs

Par essence, la mesure de l’impact de l’open data est un défi pour l’ensemble des acteurs. Il s’agit de ne pas préjuger ou de tracer sans objectif l’usage des données. Parmi les problématiques liées à la mesure des usages, nous pouvons citer un enjeu de volume, puisque les réutilisations connues sur data.gouv.fr ne représentent que le sommet de l’iceberg de l’existant. Il existe également un enjeu de représentativité des publics parmi les réutilisateurs, puisque les réutilisateurs connus de data.gouv.fr présentent souvent des profils homogènes. A ce titre, si les acteurs de la société civile sont assez prompts à référencer leurs travaux, d’autres, comme les administrations et le secteur privé par exemple, sont parfois moins proactifs. Ces derniers représentent pourtant des usages qu’il est essentiel de mesurer. Par ailleurs, la compréhension et le référencement des réutilisations sont complexifiés par la diversité des usages. Certains usages étant plus faciles à documenter (cartographie, moteur de recherche) que d’autres (simple observation des données par exemple).

Se méfier des indicateurs de vanité

Les indicateurs les plus souvent utilisés pour mesurer la performance d’une politique d’ouverture des données ou d’un portail de données peuvent parfois être assimilés à des indicateurs de vanité en cela qu’ils permettent davantage de flatter la personne qui les mesure que réellement mesurer l’impact. Le nombre de visites sur un jeu de données ou encore le nombre de téléchargements, par exemple, ne nous permet pas réellement de savoir si l’ouverture de ce dernier a produit un impact concret même si ce sont des indicateurs dignes d’intérêt. Il s’agit d’aller plus loin en mesurant plus systématiquement des indicateurs qualitatifs : par exemple, les usagers trouvent-ils les données dont-ils besoins ? Sont-ils satisfaits de la qualité des données ?